La première journée du Big Data & AI 2025, au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, a tenu toutes ses promesses : entre souveraineté numérique, régulation, cas d’usage et réflexion collective sur une IA responsable, les échanges ont confirmé que l’ère des expérimentations isolées est derrière nous. Place désormais à l’industrialisation et à une gouvernance partagée. Et Your Legal Angel était présent pour couvrir la journée !

Retour sur les moments forts et nos coups de cœur

Keynote d’ouverture : Cédric Villani, bilan et futur de l’IA européenne

Le mathématicien et lauréat de la médaille Fields, Cédric Villani, a ouvert le salon avec une analyse lucide et nuancée du rapport de 2018 sur l’IA. Si 50% des recommandations ont été suivies (une performance rare pour un rapport parlementaire), des défis majeurs demeurent, notamment sur l’inclusion et la coopération européenne. À retenir : la nécessité de passer d’une “cathédrale réglementaire” (AI Act, DSA, DMA) à des actions concrètes renforçant l’indépendance industrielle et la réduction de la dépendance aux grands acteurs non européens.

Moment marquant pour notre équipe : l’opportunité de poser une question à Cédric Villani sur le contrôle de la conformité des IA et des moyens donnés aux autorités. Sa réponse a souligné l’importance d’auditer les processus (transparence des données, identification des biais, normes de conformité) plutôt que de rêver à un contrôle total des sorties d’IA. Un positionnement pragmatique, indispensable pour éviter le piège de la “boîte noire”.

OVHcloud : Réinventer la souveraineté numérique

Le temps d’échange avec Sylvie Houlière-Mayca d’OVHcloud a été particulièrement dense et révélateur. Elle a partagé une vision très engagée pour la souveraineté numérique européenne, insistant sur la transformation du cloud en véritable enjeu stratégique, comparable à l’accès à l’énergie pour les entreprises et les gouvernements. Sa conviction : le risque de “shutdown” (coupure soudaine des services numériques par des puissances étrangères) doit être anticipé par l’adoption de solutions souveraines, dimensionnées pour la résilience et l’autonomie stratégique.

La souveraineté numérique, selon OVHcloud, repose sur trois piliers essentiels : la souveraineté des données, la souveraineté technologique (OVHcloud maîtrise sa chaîne de valeur industrielle, assemble ses serveurs et garantit une infrastructure 100 % européenne) mais aussi la souveraineté opérationnelle, avec des centres de données localisables en France ou en Europe. Sylvie Houlière-Mayca a insisté sur l’approche “souverain by design” : les données des clients restent sous leur contrôle exclusif, sans être soumises à aucune législation extraterritoriale et répondant aux plus hautes exigences de cybersécurité.

Ce dialogue a aussi permis d’aborder les enjeux réglementaires : OVHcloud milite activement pour un cadre européen exigeant (certification EUCS) réservé aux acteurs réellement souverains. Ce message fait écho à notre propre conviction chez Your Legal Angel : la régulation est aujourd’hui indispensable pour limiter les risques induits par l’IA et permettre l’essor de solutions européennes de confiance. Nous nous engageons d’ailleurs, en ce moment même, auprès d’acteurs de référence pour accompagner la mise en conformité avec l’IA Act. Restez connectés : des ressources pratiques arrivent très vite pour aider les entreprises à franchir ce cap stratégique.

Table ronde : IA génératives, régulation et compétitivité

La table ronde a confronté l’ambition de bâtir des champions technologiques européens et la crainte d’une distorsion concurrentielle en cas de régulation asymétrique face aux États-Unis et à la Chine. Depuis 2018, Impact AI fait figure de pilier en promouvant une gouvernance responsable et éthique de l’IA : mutualisation de compétences, formation, propositions concrètes en matière de régulation.

Les débats ont mis en lumière trois axes majeurs :

1. Régulation équitable et compétitivité européenne

Les intervenants d’Impact AI ont insisté sur la nécessité d’une application équilibrée du futur cadre réglementaire européen (AI Act et autres textes associés). Un point de vigilance : la régulation doit s’appliquer de façon équivalente aux acteurs européens comme aux géants américains ou chinois, pour éviter que les contraintes pèsent surtout sur les PME et entreprises locales.

2. Gouvernance multi-acteurs pour une IA responsable

L’un des apports majeurs d’Impact AI est leur approche inclusive : chercheurs, entreprises, associations, pouvoirs publics doivent participer ensemble à la construction de règles opérationnelles crédibles. Plusieurs intervenants ont défendu l’idée que la régulation sans appropriation locale — par les acteurs eux-mêmes — reste superficielle.

3. Du discours à l’action : passer du cadre à l’industrialisation

Au-delà des discours, plusieurs représentants ont appelé à accélérer le passage à l’échelle, en structurant des processus de mise en conformité, en favorisant les outils communs et en partageant des cas d’usage concrets. L’IA générative ne doit pas rester cantonnée au laboratoire, mais être intégrée dans les chaînes de valeur avec des garde-fous validés.

Zoom sur Elyadata et l’assurance industrielle

Parmi les présentations de la journée, le cas d’usage développé par Elyadata pour MSIJ (solutions d’assurance pour entreprises et professionnels) a marqué un tournant. Là où beaucoup d’initiatives IA se limitent encore à des expérimentations, Elyadata montre comment l’IA peut transformer un métier en profondeur, tout en restant explicable et acceptée par les utilisateurs.

• Problème initial : les ingénieurs de risques de MSIJ étaient confrontés à une charge documentaire colossale, souvent répétitive et chronophage, mobilisant 40 à 60 % de leur temps. Cette gestion manuelle ralentissait l’analyse et complexifiait la prise de décision, tout en exposant à des incohérences dans le traitement des dossiers.
  
• Solution déployée : Elyadata a conçu pour son client une plateforme intégrée reposant sur trois piliers :
  
  • Automatisation des tâches répétitives (extraction et pré-classement des informations clés, génération de synthèses).
    
  • Centralisation des données dans un environnement unique, réduisant la dispersion des sources et facilitant la traçabilité.
    
  • Explicabilité et multilinguisme : le système permet de justifier chaque recommandation et de fonctionner sur plusieurs langues, indispensable pour des activités internationales.
    
• Résultats mesurés : la charge documentaire a chuté de 40-60 % à seulement 10-15 % du temps des ingénieurs, leur permettant de se concentrer sur la valeur ajoutée de leur métier (analyse, conseil, prévention des risques). Le taux de succès opérationnel de la solution est estimé à 85 %.
  
• Facteur humain : loin d’imposer une technologie descendante, Elyadata a travaillé en co-construction avec les équipes MSIJ. Cet accompagnement a facilité l’acceptation de l’outil, limité la résistance au changement et permis de structurer les processus documentaires complexes autour de standards partagés.

Ce cas illustre parfaitement ce que devrait être l’IA en entreprise : un levier de productivité et de fiabilité, mais aussi un outil qui respecte l’expertise humaine et la renforce.

Trois acteurs engagés à suivre

• Arkange : rencontre marquante de cette journée, nous avons découvert plus en détail leur approche autour de l’IA et de la conformité. Arkange accompagne les entreprises (et en particulier les PME) dans leurs projets IA, en veillant à allier performance technologique et maîtrise des risques. Un positionnement qui fait écho à nos propres engagements chez Your Legal Angel, et qui ouvre des pistes intéressantes de synergies possibles.
• Impact AI : cette communauté hybride fédère entreprises, académiques et investisseurs pour accélérer la transformation responsable de l’IA en France.
• Elyadata : leur projet présenté dans le secteur de l’assurance industrielle symbolise l’alliance de l’innovation technologique et d’une gestion du changement réussie.

Conclusion : l’industrialisation est en marche

Cette première journée marque un véritable tournant : la phase d’industrialisation de la filière data & IA s’accompagne désormais d’enjeux forts de souveraineté, de régulation et d’éthique. La diversité des intervenants et la richesse des échanges témoignent d’une dynamique collective où la coopération et la confiance sont les clés du futur.

Et demain ?

Le relais est assuré ! C’est Daria Viktorova qui couvrira la deuxième journée, placée sous le signe de l’innovation appliquée et des nouveaux modèles économiques de l’IA.

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