Interview : FAN 2 Stéphane BALLER

par | Sep 26, 2025 | Fan de & Inspiration | 0 commentaires

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L’entrée en matière

Quel serait le titre de ton autobiographie ?
Ce serait Chronique d’un homme de bonne volonté enthousiaste. Parce que je n’ai pas l’impression de faire des choses exceptionnelles. Je défends mes convictions, j’essaie d’être utile aux autres. Même si je suis d’une timidité extrême et d’une grande émotivité cachés – ça fait rire Claire – et que je me soigne depuis très longtemps ! Alors, oui, j’ai pu paraître maladroit, comme si je me fabriquais une forte personnalité. Mais moi, ce que je préfère, c’est quand on m’appelle en me disant : « Stéphane, j’ai besoin de toi ». C’est ça qui me fait avancer.

Pourquoi tu parles toujours des autres, pourquoi tu les mets en avant ? Qu’est-ce que ça cache ?
Ça me cache, moi. Je ne suis pas fier de moi mais admiratif des autres.

Pourtant, tu as été désigné dans les Top Legal Voices ?
Oui, et durant le processus de désignation on m’a posé la question de savoir pourquoi je devrai être nominé et j’ai dû pour la première fois mettre sur une feuille ce que j’avais réalisé. Une belle prise de conscience sur les innovations poussées sur le marché et mes remerciements à Maddyness Lamy Liaisons. J’ai toujours eu cette angoisse de ne pas être à la hauteur, en avance sur le marché.

Quel conseil donnerais-tu aux plus jeunes qui vivent cette mĂŞme angoisse ?
Croyez en vous, le plus tôt possible. Le système scolaire comme universitaire vous casse la gueule assez méchamment. Vos parents sont béats d’admiration et/ou angoissés. Le marché accélère et crée de nouveaux métiers que personne ne connaît. Et le facteur humain, les soft skills, prennent de plus en plus d’importance pour valoriser le savoir, si on sait ! Ce n’est donc pas évident de survivre à tout ça. Alors, il faut rechercher le plus tôt possible des expériences, des projets, aller frapper aux portes, tester l’associatif, l’entrepreneuriat, identifier un mentor… . Avant de faire du business on peut faire de l’associatif utile, et conçu comme un business.

D’où viens-tu ?
De nulle part ! Toujours entre deux: nĂ© Ă  Paris avec une branche bretonne et l’autre provençale. Un peu d’Alsace, puis la campagne proche de Dijon, Ă  l’entrĂ©e d’un petit village de 110 habitants, seul Ă  ne pas ĂŞtre fils de fermier. Et je suis arrivĂ© dans les valises des parents Ă  Paris, presque avec mes sabots et ma seule expĂ©rience agricole de la vie dans le hall d’Assas: et Ă  l’époque l’association Rura ex Chemin d’avenir n’existait pas ! Mais j’ai Ă©tĂ© chanceux dans mes rencontres . J’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© on dirait aujourd’hui “à la dure”, avec des parents qui maniaient le martinet et voulaient que je sois le plus vite autonome. Pas top pour la confiance en soi mais cela ne m’a pas traumatisĂ©. Mon père, passĂ© par Saint Cyr, avait Ă©tĂ© marquĂ© par la guerre d’AlgĂ©rie et au sortir de l’armĂ©e avait choisi de vendre des assurances vies populaires. Il m’a transmis l’opiniâtretĂ© et le goĂ»t de l’effort, mais aussi le choix de la diffĂ©rence Ă  dĂ©faut d’être brillant. Et finalement je me suis fait adopter par la Bretagne oĂą j’ancre mes racines.

Et l’IA, tu la vois comment ?
Aujourd’hui, on doit apprendre à apprendre. Garder le niveau technique, mais aussi utiliser les nouveaux outils pour automatiser, élargir sa connaissance, innover, imaginer.  L’IA pour faire des études d’impact rapides, dégager des tendances, tester des idées est une arme redoutable lorsque l’on est expérimenté. Elle permet aussi d’être un meilleur artisan avec un accès au savoir que seuls les grands groupes peuvent vous offrir.

Tu peux raconter la genèse de Droit comme un H ! ?

C’est parti d’une rencontre. Une jeune corĂ©enne que j’avais coachĂ©e durant une semaine Ă  l’occasion d’un concours de fiscalitĂ© internationale. Elle avait partagĂ© le statut de la femme en CorĂ©e et la trajectoire professionnelle possible offerte Ă  un nombre très limitĂ© de jeunes femmes talentueuses … surtout Ă  l’étranger. Elle m’appelle 6 mois plus tard et j’imagine qu’elle va m’annoncer son dĂ©part pour sa grande aventure amĂ©ricaine et c’est une toute autre histoire : « StĂ©phane,j’ai Ă©tĂ© renversĂ©e par un chauffard je n’ai plus l’usage de mes jambes, je ne peux rester en CorĂ©e, ma vie n’a plus d’intĂ©rĂŞt ». Je lui promets que si elle retourne travailler Ă  la sortie de l’hĂ´pital, rĂ©ussit son examen de conseil fiscal, je prends l’avion pour SĂ©oul, ce qu’elle rĂ©alise haut la main. Dans l’avion pour SĂ©oul, je rĂ©vise tout ce que je peux rĂ©viser sur le handicap – il y a 10 ans peu d’information disponible  – et arrivĂ© devant elle, je me suis retrouvĂ© stupide devant elle ne sachant pas comment la prendre dans mes bras, sur son fauteuil roulant, et naturellement elle m’a attrapĂ©, m’a assis sur ses genoux, nous sommes tombĂ©s, nous avons Ă©clatĂ© de rire et je me suis demandĂ© comment faire pour que d’autres, face Ă  de jeunes talents en situation de handicap ayant un potentiel professionnel, ne soient pas aussi gauches que moi:  c’est ça la genèse de Droit comme un H ! qui travaille aussi bien la confiance en soi des jeunes et la construction de leur avenir professionnel que l’acculturation des employeurs potentiels avec un effet magique pour les avocats: amĂ©liorer la qualitĂ© de management par le dĂ©veloppement de la symĂ©trie des attentions.

Si Droit comme un H ! pouvait depuis 2019 avoir identifié les futurs avocats associés ou directeurs juridiques en situation de handicap parmi la trentaine de jeunes accompagnés chaque année, et contribuer dans des cabinets d’élite à changer le regard sur le handicap à 80% invisible, l’idée aura été géniale.

Les petits bonheurs

Qu’est-ce qui te fait sourire au boulot ?
Les jeunes collaborateurs qui jouent au grand. Les plus grands qui se prennent au sérieux et croient qu’ils sauvent le monde. Les gens qui ont envie d’apprendre, mais n’osent pas être maladroit. Les clients qui disent merci. Les équipes qui disent merci. J’ai redécouvert le sens du « merci ».

Un rituel ?
Avant, c’était la clope avec les copains et le café. Depuis juillet, fini.

Un surnom?
Peut être ? Un cadeau de Jean Marie Valentin ancien avocat brillant et fondateur de Legal Cluster qui m’avait gratifié de l’Oncle Bienveillant de la Legaltech.

Les convictions

Ton idée du cabinet du futur ?
Je crois à la solidarité avec les clients: juristes et avocats, même combat; mais au-delà entreprise et conseils même combat . On doit travailler ensemble, signer des contrats d’engagements réciproques sur plusieurs années, être multidisciplinaire indépendant et agile, pour trouver des alternatives au MDP ALSP qui ne peuvent servir qu’un type de clientèle,  investir du temps dans les projets avec nos clients sur le long terme au lieu de se battre sur les questions financières du court terme. Le taux horaire, c’est immuable pour gérer un cabinet, mais il faut réfléchir autrement, avec plus de collectif pour nous permettre de développer un cabinet d’avocats comme une entreprise avec une intensité capitalistique et une r & d indispensable mais aussi une diversité des compétences et des cultures qui permet l’innovation.

Et j’ajoute : n’ayez pas peur de changer de métier. Moi, j’ai fait 15 ans de chiffre en conseil comme en audit, cela vous apprend à parler avec des dirigeants, des financiers, des opérationnels et des concurrents. Le risk management m’a appris qu’un juriste peut aussi aider l’entreprise à prendre plus de risques.

Les habitudes positives… ou pas

La première chose que tu fais le matin ?
Je me pèse. Et je prépare le petit-déj.

Ce dont tu ne peux pas te passer ?
Le petit-déj. Et un sourire dans la journée.

Un outil indispensable ?
Mon iPhone. Et mon vélo.

Ton mantra ?
« Ça ira mieux. Ça va passer. »

Comment tu gères une mauvaise journée ?
Je bois un coup. Avec modération.

Le fun fact

Ton signe astrologique ?
Verseau, ascendant lion. Les Verseaux aiment l’innovation, l’humain. Les lions savent se battre et veiller à l’équité du monde des animaux. Ça me parle.

Basket ou chaussures de ville ?
Je ne sais rien faire de manière modérée je crois. Objectif semi-marathon. Karaté à 50 ans, trois fois par semaine. Cet été, le vélo, tous les matins, et rentrée à l’Université en costume cravate ce qui fait décalé . 

Qui admire tu secrètement? 

Je suis fasciné par les entrepreneurs, mais moi je ne suis qu’intrapreneur.

La contribution à la communauté juridique

J’ai toujours eu deux cerveaux : un pour mon cabinet, et un pour contribuer au marché du droit. Parce que si le marché se développe, il y a toujours une part qui retombe chez les conseils et leur positionnement est lié à la puissance des acteurs du droit en général.
Alors je m’engage : Droit comme un H !, l’Université, l’Hedac, les programmes d’innovation, Open Law, le Village des Trajectoires Professionnelles aux RDV des Transformations du Droit, le mentoring avec Rurales podcast “Les illuminés du droit! ”  … . Et je crois qu’il faut rendre le droit plus attractif, renforcer l’envie des jeunes talents de venir chez nous.

Le #gratitude

Qui aimerais-tu remercier ?
Bruno Deffains, qui m’a donné ma chance à la fac et avec qui nous avons créé le DU Transformation Digitale du Droit et Legaltech il y a bientôt 10 ans. Le professeur Maitrot de Lamotte, qui m’a fait découvrir l’Université de Créteil. Francois Pasqualini avec qui nous avons créé le 1ier M2 RSE & Droits il y a 20 ans. Toute la bande Open Law – Dan Kohn, toujours ouvert et visionnaire, Grégoire Miot, Johnathan Williams, des gens à la vision internationale.

Dans ma vie pro, Hervé Labaude, qui a cru à ce métier qui n’existait qu’aux US et qui m’a permis de devenir associé en charge du développement du deuxième cabinet d’avocats français. Éric Fourel, devenu patron de EY, avec qui j’ai travaillé dix ans pour accompagner une fusion une restructuration un redéploiement trois changements de marques … au-delà de la fiscalité. Mon premier patron André Touboul, avocat formé par un ancien agréé au Tribunal de Commerce et tous ceux qui m’ont permis de construire cette trajectoire un peu bizarre, mais intense. Et mon épouse qui me supporte depuis le 19 avril 1991 !

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