Business Development Manager au sein d’un cabinet d’avocats d’affaires international
L’entrée en matière
Ton job ?
J’occupe le poste de Business Development Manager (BDM), ce qui signifie que j’accompagne les avocats dans leurs enjeux de dĂ©veloppement et de relation client. On rĂ©duit parfois ce rĂ´le Ă des actions de communication ou de marketing, mais en rĂ©alitĂ©, il s’agit d’une fonction bien plus transversale.Â
Au sein d’un cabinet d’avocats international, le BDM agit un peu comme un poste d’observation en hauteur, une fonction “hélicoptère”, qui permet d’avoir une vision d’ensemble des priorités de la firme, des dynamiques de marché, et des besoins spécifiques des clients. Cela implique d’identifier les opportunités, d’anticiper les tendances, et d’insuffler une dynamique proactive au développement.
C’est aussi un rôle de conseil de l’ombre : faire émerger les bons sujets, au bon moment, auprès des bonnes personnes. Le BDM participe à la construction du business plan, en est un véritable moteur au quotidien, et fait le lien entre la vision stratégique du cabinet et la réalité du terrain. Il adapte son approche à chaque avocat, chaque bureau, chaque contexte, avec un objectif constant : renforcer la relation client et valoriser l’offre du cabinet.
Enfin, il joue un rôle de passerelle stratégique, veillant à la bonne mise en œuvre des priorités de la firme à l’échelle internationale, en assurant la cohérence entre les bureaux et les pratiques.
Comment décrirais-tu ton style au boulot ?
PlutĂ´t direct, ce qui est sans doute un hĂ©ritage de ma formation Ă Londres et de mes origines mauriciennes. J’aime quand les choses avancent. Je structure mes journĂ©es autour de plages de travail très organisĂ©es (pas vraiment le temps pour de longues pauses, ni clopes, ni cafĂ©). J’essaie d’appliquer une mĂ©thode Ă la gestion de mon temps en me concentrant sur les trois prioritĂ©s Ă absolument accomplir dans la journĂ©e.Â
Le premier chapitre de ton autobiographie ?
Je n’ai pas l’intention d’écrire mon autobiographie, mais ce qui m’importe, ce sont la qualité des liens que nous entretenons, les échanges qui laissent une trace.
Ton parcours résumé en un hashtag ?
#doer #fonceuse Â
Un jour ma maĂ®tre de stage chez Airbus, Juliette Allenet de Donceel m’a dit “Je ne m’inquiète pas pour toi car je sais que si une porte se ferme, tu passeras par la fenĂŞtre et tu y arriveras.” Cette parole m’est restĂ©e et cela me correspond bien.Â
Une idée reçue sur ton métier que tu aimerais déconstruire ?
Qu’il s’agit d’un rĂ´le purement dĂ©coratif. Être Business Development Manager, ce n’est pas qu’une fonction de façade ou de communication. C’est un rĂ´le stratĂ©gique. Il s’agit d’accompagner le positionnement du cabinet, de dĂ©finir une d’offre de services claire et diffĂ©renciante et de renforcer la relation client en aidant l’avocat Ă mieux comprendre et anticiper les besoins de ses clients.Â
Le BDM est dans un dialogue constant avec l’avocat. Il agit comme un véritable “sounding board”, un interlocuteur de confiance avec qui confronter idées, stratégies et positionnements, pour affiner l’approche et maximiser l’impact.
Les petits bonheurs
Ta #gratitude ?
Je pense souvent Ă mon premier manager, Mzi Khumalo (Mzi Khumalo, l’homme aux multiples vies – Forbes Afrique), un hommes d’affaires affluent et l’un des symboles de la rĂ©ussite dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Il m’a transmis une vision forte et marquante – en particulier sur ce que cela signifie d’être une personne de couleur dans un environnement exigeant, mais aussi sur notre rapport Ă l’argent, Ă la rĂ©ussite et au rĂŞve. Il m’a montrĂ© la voie en m’enseignant l’importance d’être “unapologetically ambitious” et d’appliquer dans la vie une stratĂ©gie de “winner takes all”- aller vite pour engranger vite.  Â
Un rituel sacré ?
Une combinaison entre discipline physique et mentale. Je fais 4 sĂ©ances de sport par semaine, c’est non nĂ©gociable. J’essaie aussi d’intĂ©grer une forme de spiritualitĂ© dans mes journĂ©es. J’écoute beaucoup beaucoup de podcasts (Today in Focus de The Guardian, Le Coeur sur la Table de Victoire Tuaillon, The Diary of a CEO de Steven Bartlett, Clique, Aspire with Emma Grede, Thune, This legal life, La Martingale, et bien d’autres …). Aussi l’hydratation est clĂ© pour une belle peau 🙂.
Le compliment qui t’a marquée ?
Mes collègues parfois complimentent mes looks en me décrivant comme “cute et stylée”. C’est flatteur et même si pour certains cela peut sembler réducteur, mais dans un univers corporate encore largement masculin, maîtriser le power dressing est un acte profondément politique.
Prendre soin de son apparence, c’est d’abord une démarche personnelle — pour se sentir bien, alignée avec soi-même. Et à titre individuel, je trouve aussi plus agréable de travailler avec des personnes qui cultivent une certaine élégance.
Mais au-delà de l’esthétique, le style est un véritable langage : il communique l’assurance, l’intention, la rigueur. Dans un environnement exigeant, le look peut devenir un outil de confiance et un marqueur silencieux de crédibilité.
Les convictions
Quel impact veux-tu avoir dans les cabinets ?
J’aimerais que l’on dĂ©passe l’idĂ©e selon laquelle mon mĂ©tier est uniquement au service des avocats, donc casser cette image de la fonction purement interne. L’avocat et les Ă©quipes BD sont surtout au service du client, et c’est avec lui que nous construisons une relation durable.Â
Ton role model ?
Je n’ai pas un seul modèle. Je m’inspire de beaucoup de personnes, souvent pour des raisons différentes. Je lis, j’écoute, j’observe. Chaque rencontre peut m’apporter une nouvelle perspective.
Tes valeurs non négociables ?
La fiabilité. My word is my bond -n’avoir qu’une seule parole et faire ce que j’ai dit que j’allais faire peu importe les circonstances.
Le #RealTalk
Le meilleur conseil reçu ?
Être polie, toujours respectueuse, peu importe à qui l’on s’adresse. Ce n’est pas une question de hiérarchie, mais de considération humaine.
Une remarque que tu aurais préféré éviter ?
Qu’on limite encore trop souvent la fonction de Business Development à un rôle “de l’ombre”, sans contact client. Cela traduit un certain conservatisme dans la manière dont certaines structures conçoivent leur organisation. On devrait pouvoir être inclus·es pleinement dans les moments clients, pas seulement dans les coulisses.
3 personnes que tu verrais bien dans une prochaine Fiche Fan 2 ?
J’apprĂ©cie particulièrement le travail de Florent Dos Santos du Studio Vaadigm, qui insuffle une belle dose de crĂ©ativitĂ© dans le domaine de la communication. Chaque campagne est pensĂ©e comme une composition Ă deux mains avec le Business Development Manager, alliant sens stratĂ©gique et inventivitĂ© visuelle.Â
Les habitudes positives… ou pas
Un livre Ă recommander ?
Table for One de Emma Gannon est un plaidoyer intime et inspirant en faveur de la solitude choisie, où elle explore comment apprendre à être bien avec soi-même peut devenir une source puissante de liberté, de créativité et d’épanouissement.
Chimamanda Ngozi Adichie dans son dernier livre Dream Count où elle tisse avec finesse le portrait intime de quatre femmes (Chiamaka, Zikora, Omelogor et Kadiatou), réparties entre le Nigéria et les États-Unis, qui, en pleine pandémie, confrontent leurs désirs, leurs rêves et un besoin profond de solidarité féminine face à l’amour, la violence et les fractures sociales.
Et le livre indispensable qui permet de mieux naviguer le monde professionnel : Why Nice Girls (Still) Don’t Get The Corner Office de Lois P. Frankel, PhD: j’y trouve toujours des rappels utiles, surtout sur les erreurs à éviter.
Un conseil que tu as choisi d’ignorer ?
Celui de me contenter de ce que j’ai déjà accompli. J’ai toujours envie d’aller plus loin. Les cases, ce n’est pas pour moi. Ce n’est pas de l’arrogance, juste une forme de fidélité à mes ambitions.
Fun facts
Personnage de série préféré ?
Carrie Mathison dans Homeland pour son intuition exceptionnelle et sa résilience mentale.
Jessica Pearson (Suits) pour son power dressing et son leadership. Â
Le job de tes rĂŞves ?
Je n’ai pas de fantasme autour du travail. Je rêve plutôt de liberté. De faire les choses à ma façon, dans un cadre aligné avec mes valeurs.
Contribution à la communauté juridique
Un conseil Ă ton toi plus jeune ?
Savoir gĂ©rer son impatience ! Apprends Ă garder une part de toi en rĂ©serve.Â
Une question qu’on ne pose jamais, mais qui devrait l’être ?
Pourquoi les cabinets ne se remettent-ils pas plus souvent en question ? Pourquoi une relation client échoue-t-elle ? Ce sont des sujets essentiels pour progresser.
Le plus grand défi des cabinets aujourd’hui ?
Maintenir une vraie conversation avec leurs clients. Pas seulement délivrer une analyse juridique mais écouter, comprendre, s’adapter. C’est aussi un défi humain.
Soft skills essentiels pour les avocats de demain ?
L’écoute, la capacité de synthèse, la posture relationnelle. Et surtout, sortir du réflexe PowerPoint : le client attend une conversation, pas une présentation de 52 slides.
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