Trop juridiques pour être utiles mais trop utiles pour être ignorées: sauvez vos formations !

par | Sep 12, 2025 | Carrière & Formation | 0 commentaires

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Article de Nicolas Bourgeois, NBO Conseil

“ Super, on a 7h de droit des contrats demain” X. Responsable marketing 

Les formations, et particulièrement les formations juridiques, ne font pas toujours l’objet d’un enthousiasme débordant… surtout quand le service opérationnel qui en bénéficie est là parce qu’on a demandé au manager d’y envoyer son équipe… 

C’est bien connu: une formation en droit des contrats ne servira pas au marketing (parce qu’ ”un contrat, c’est juridique”), la DRH n’a pas besoin de votre sensibilisation RGPD “parce que le logiciel est RGPD compliant” et les acheteurs n’ont pas besoin de formation anti-corruption “parce qu’on n’offre pas de cadeaux1”. 

Ces réticences, biais et autres a priori plombent votre session avant même qu’elle ne débute. Voici quelques réflexions pour renverser la vapeur et faire de vos apprenants votre meilleure pub. 

Qu’est-ce qui coince ? 

Soyons francs : on part de loin et les participants viennent souvent sur le temps consacré à leur “vrai travail”. 

Quand bien même vous êtes expert et passionné, et sauf si le sujet les passionne (“j’ai toujours rêvé d’assister à une formation sur la différence entre contrats synallagmatiques et unilatéraux…”) les participants risquent de décrocher, lire leurs mails, jeter un œil distrait aux slides, et au final, retiennent à peine 10 % du contenu, parfois même moins. 

On connait également les formations “fluffy”: on y passe du bon temps (qu’il faudra quand même rattraper), on s’amuse (avec des vidéos sympas et un Kahout) et on retiendra 15% du contenu et qui a gagné le quizz. 

Résultat ? Les participants ont perdu du temps et le message est très dilué (7h de formations pour savoir que le contrat doit être transmis au juriste ?).

Coté formateur: “tout ça pour ça” malgré un PowerPoint parfait sur le fond.

À qui la faute ? 

Aux managers qui envoient leurs collaborateurs (mais pas eux-mêmes) à la formation parce que “c’est obligatoire” ?

À PowerPoint, et ses 70 slides sur les vices du consentement à l’heure de la digestion ?

Au formateur, qui malgré ses 10 quizz interactifs n’a pas suscité un engouement massif sur la notion “de balance des intérêts” du RGPD ?

Aux participants, qui pensent qu’ils ont mieux à faire?

Au programme qui est trop difficile ? Au formateur? 

En réalité, il n’y a quasiment aucun ROI, et on ressort sans trop savoir faire de ce qu’on a entendu (même avec 80% de réussite au quizz final2). 

C’est bien normal… La bonne nouvelle c’est que ce n’est pas votre compétence qui est en cause: votre formation est un produit, et, même s’il est parfait, il doit trouver son public, et lui faire envie. 

Il faut donc un excellent merchandising (pro tip: “les clauses exonératoires de responsabilité des baux commerciaux” c’est parfait pour les juristes, moins pour les commerciaux) 

Et s’il ne s’agissait que d’une erreur de conception: expliquer ou transmettre un bénéfice ? 

Les participants investissent du temps en formation. Autant leur garantir un retour sur investissement ! 

Toute formation qui n’est pas centrée sur le ROI des participants semble vouée à l’échec: si on vient en formation, c’est pour en ressortir quelque chose d’utile (et pas juste agréable ou fun). 

Et c’est souvent là que le bât blesse: le concepteur souhaite transmettre son savoir et pas des compétences. 

Quel est l’impact, pour l’équipe d’acheteurs, d’un slide qui explique : “ l’ article 1128 du Code civil dispose qu’il faut vérifier le consentement des parties, leur capacité à contracter et que le contenu est licite est certain” ? 

Est-ce qu’on s’est bien assuré qu’ils ont besoin de ces notions dans leur quotidien et de les utiliser dans leur quotidien ? 

Dans le premier cas, le formateur récite une leçon, dans le second, on préférera que les apprenants repartent avec des outils concrets qui leur servent au quotidien (ici, par exemple, vérifier que le signataire est apte à signer, que ce qu’on achète peut être vendu…3

L’impact sera totalement différent selon qu’on dispense un cours magistral ou qu’ on apprenne une compétence directement utilisable en situation professionnelle. 

En repensant l’objet même de la formation, vous avez transformé votre proposition de valeur: vous ne leur expliquez plus ce que vous savez; vous répondez à un de leur besoin. 

Mais cela ne suffit pas encore, il s’agit désormais de leur faciliter l’apprentissage. 

Comment faire ? 

Non content d’un contenu sur mesure, il est possible d’en faciliter la mémorisation avec une stratégie pédagogique sur mesure pour favoriser l’engagement des apprenants dans le processus de formation: participation active des apprenants, activités collaboratives entre eux (cela permet l’apprentissage croisé et un feedback concret entre pairs), de la variété pour maintenir l’implication et combattre l’effet digestion de 14h30, prévoir des supports adaptés (auxquels se référer post formation). 

Tout cela repose sur des principes simples: 

  • partir de situations concrètes 
  • répondre à un besoin métier 
  • maintenir l’attention et impliquer les participants (mieux vaut montrer que dire, mais surtout, mieux vaut faire qu’écouter…) 

Vous avez un contenu important à faire passer ? 

Repensez la conception de vos formations en commençant par vous demander : “qu’est-ce qu’ils ne savent pas”, “qu’ont-ils besoin de savoir”, “qu’est-ce que ça leur apporte ?” 

Vous pourrez ainsi vous définir des objectifs pédagogiques concrets en sacrifiant le “bla bla” au bénéfice de l’indispensable. 

C’est à partir de cette structure, en déterminant pour chaque notion un objectif pédagogique”que vous pourrez ensuite créer des activités autour des situations qui leur parlent (afin de faire et pratiquer) seuls (participation active) et avec leurs pairs (activités de collaboration). 

Le feedback sera ancré dans le concret. 

Au lieu de perdre du temps à s’endormir devant un PowerPoint ou un exposé savant, ils auront donc appris, testé et validé des compétences qu’ils pourront utiliser dès la sortie de la formation. 

Et au lieu d’avoir dormi durant votre session, ils en feront la promotion. Tout comme vous le faites certainement lorsque vous achetez un produit qui répond à votre besoin…

  1. Y. DAF d’un grand groupe de conseil du CAC 40 ↩︎
  2. Faites l’expérience: certaines formation d’un “grand réseau social professionnel” permettent d’obtenir 80% au quizz de contrôle sans avoir lu / écouté le cours ↩︎
  3. Pour une exemple pratique: retrait de la vente d’un fichier client: https://next.ink/brief_article/le-fichier-clients-de-camaieu-ne-sera-finalement-pas-vendu-aux-encheres/
    ↩︎

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